3) Cendres, Carême et semaine sainte

Cher Théophile,

Tu me demandes à quoi correspondent les 40 jours du Carême. S'agit-il d'une mise en quarantaine des chrétiens? Ou s'excluraient-ils du monde par peur ou pour une autre raison? En fait, cela revient à me demander l'enjeu de ces quelques semaines avant Pâques.

Des cendres ?
Le premier jour du Carême est un mercredi que l'on appelle "mercredi des cendres" parce qu'il y a un rite particulier ce jour-là, l'imposition de cendres. Ce sont des buis bénis le dimanche des Rameaux de l'année précédente qui sont brûlés. Le geste est accompagné d'une parole : Convertissez-vous et croyez à l'Évangile. (Mc 1,15)

D'où vient cette pratique?
Le fait de se couvrir de cendres en signe de pénitence et de deuil est abondamment attesté dans le peuple juif (Jos 7,6; 2S 13,19; Ez 27,30; Jb 2,12 . 42,6; Jon 3,6; Est 4,3).
C'est le signe d'un désir de conversion. Elles expriment notre faiblesse, notre humilité et notre pauvreté. Peut-être avons-nous laissé le feu s'éteindre? Qu'est-ce qui a pu constituer un obstacle dans notre vie qui ait pu empêcher le Souffle de Dieu de ranimer les braises encore rouges?

Quarante?
Tu as du remarquer, si tu as compté les jours qui séparent le mercredi des Cendres du samedi saint compris, qu'il y en a 46 exactement? Pourquoi parler de 40 alors? Dans le décompte, les 6 dimanches ne sont pas comptés, car on ne jeûne jamais en ce jour. C'est de ce nombre que vient le mot carême.
40 jours et 40 nuits. Le chiffre 40 est courant dans la Bible, avant les 40 jours passés par Jésus au désert après son baptême (Mt 4,1). C'est la durée du déluge au temps de Noé (Gn 7,17), et le temps passé par Élie pour se rendre à l'Horeb (1 R 19,8). 40 est le nombre d'années que le peuple hébreu a passé au désert, pendant son exode, entre la sortie d'Égypte et son entrée en Canaan, la terre promise où coule le lait et le miel.
À la fin du III° ou au début du IV° siècle, un jeûne de 40 jours apparut en Égypte pour célébrer celui du Christ au désert dans les semaines qui suivirent son baptême. Très tôt, il prit la forme d'une préparation pénitentielle à la célébration de la mort et de la résurrection de Jésus.
À partir du IV° siècle, où la préparation au baptême eut un cadre bien défini pour l'ultime préparation des catéchumènes dans la vigile pascale, Dieu ayant réconcilié les hommes avec lui par la mort et la résurrection de son Fils, la nuit pascale semblait aussi s'imposer pour admettre à la communion les pécheurs qui avaient accompli leur temps de pénitence, et le carême les prépara à leur réconciliation.
Aujourd'hui, le temps de la catéchèse prébaptismale avec cette année, plus particulièrement, les trois dimanches de l'initiation chrétienne (3°, 4° et 5° de Carême) avec des extraits de l'Évangile de Jean : la rencontre avec la Samaritaine (4) à propos de l'eau qui jaillit en vie éternelle, au milieu du jour, celle avec l'aveugle-né (9) sur le regard nouveau et le risque d'aveuglement, et le retour à la vie de Lazare (11) sur la libération des effets du péché et de la mort.
Si l'on considère le carême, comme un temps au désert avec Jésus, comme certains ascètes et moines à la suite de St Antoine en Égypte, c'est notre manière d'être fils de Dieu ("Si tu es Fils de Dieu", dit le tentateur à Jésus) qui est mise à l'épreuve.
Si on le voit comme un temps de conversion et de pénitence dans la suite de la prédication de Jean-Baptiste, c'est notre retournement qui est en jeu : un "non" au mal, à la nuit et à la mort, et un "oui" à Dieu, à la lumière et à la Vie.
Si on le comprend comme une préparation à accueillir la joie de Pâques, - nous ne chantons plus ni le Gloire à Dieu ni l'Alleluia pendant la messe des dimanches - c'est le manque et le désir de laisser éclater notre joie de la résurrection qui grandissent jour après jour.
Si on l'envisage comme une période qui nous est donnée, non pas tant pour faire des efforts que pour faire le bien, voire se faire du bien, ainsi qu'aux autres, alors Carême peut aussi s'écrire "car aime!" le Seigneur ton Dieu, ton prochain comme toi-même. Ce n'est plus "moi d'abord", mais "les autres d'abord, les autres d'accord."
On pourra marcher au cours du carême avec trois autres grandes figures bibliques : Moïse en lisant l'Exode, Élie (1 R 17-19) et le prophète Jonas (Jon 1-4). C'est aussi l'occasion de trouver la bonne distance avec Dieu, dans la prière, avec l'autre, dans le partage et la solidarité, avec soi-même, dans le jeûne (cf Mt 6, 1-6.16-18).
Ces 40 jours nous sont donnés pour vivre en communion avec le Christ qui monte à Jérusalem pour la Pâque, pour cette fête juive qui est un mémorial de la sortie d'Égypte, et pour son passage de ce monde vers son Père (cf. Jn 13,1).

Semaine sainte - Triduum pascal.
La semaine sainte commence le dimanche des rameaux avec l'entrée de Jésus à Jérusalem acclamé comme Roi et la lecture de la Passion du Christ.
Au cours de cette semaine, la messe chrismale réunit tous les prêtres de l'évêque pour le renouvellement de leurs promesses d'ordination et la bénédiction du Saint Chrême, de l'huile des catéchumènes et de celle des malades.
Le Triduum pascal est l'ensemble des jours qui célèbrent la passion et la résurrection de Jésus. Il commence avec la célébration de la Cène le jeudi (saint) soir. Il se poursuit le vendredi (saint) avec le chemin de croix et la célébration de la Passion dont la vénération de la croix. Le samedi saint est le temps de l'attente et du grand silence, avant la vigile pascale dans la nuit.

Jésus Ressucité sur les routes de Galilée, nul ne sait où Il nous mènera.
- vers Emmaüs, comme les deux disciples (Lc 24)?
- vers Gaza, comme Philippe (Ac 8)?
- vers Damas, comme Saul (Ac 9)?
pour être ses « témoins à Jérusalem dans toute la Judée et la Samarie et jusqu'aux extrémités de la terre ». (Ac 1,8)

À suivre.

Père Olivier Joncour
Février 2002

Copyright Aumônerie de Courbevoie 2003.

Lettres à Théophile
Accueil
Couleurs liturgiques
Propositions pour le Carême
Vivre et recevoir le pardon de Dieu
Homélie de la messe du 4 mars 2006 (1° dim Carême B)

DiMail 7 (Mt 6, 1-6.16-18 = Evangile du mercredi des Cendres)

DiMail 154 (Gn 2,7-9 . 3,1-7 = 1° lecture du 1° dimanche de Carême A)
DiMail 8 (Mt 4, 1-11 = Evangile du 1° dimanche de Carême A)
DiMail 155 (Gn 12, 1-4 = 1° lecture du 2° dimanche de Carême A)
DiMail 9 (Mt 17, 1-9 = Evangile du 2° dimanche de Carême A)
DiMail 156 (Ex 17, 3-17 = 1° lecture du 3° dimanche de Carême A)
DiMail 10 (Jn 4, 5-42 = Evangile du 3° dimanche de Carême A)
DiMail 157 (1 S 16, 1.6-7.10-13a = 1° lecture du 4° dimanche de Carême A)
DiMail 11 (Jn 9, 1-41 = Evangile du 4° dimanche de Carême A)
DiMail 158 (Ez 37, 12-14 = 1° lecture du 5° dimanche de Carême A)
DiMail 12 (Jn 11, 1-45 = Evangile du 5° dimanche de Carême A)
DiMail 159 (Is 50, 4-7 = 1° lecture du dimanche des Rameaux et de la Passion)
DiMail 259 (Ph 2, 6-11 = 2° lecture du dimanche des Rameaux et de la Passion)
DiMail 13 (Mt 21, 1-11 = Evangile du dimanche des Rameaux et de la Passion A)

DiMail 254 (Dt 26, 4-10 = 1° lecture du 1° dimanche de Carême C)
DiMail 109 (Lc 4, 1-13 = Evangile du 1° dimanche de Carême C)
DiMail 255 (Gn 15, 5...18 = 1° lecture du 2° dimanche de Carême C)
DiMail 110 (Lc 9, 28b-36 = Evangile du 2° dimanche de Carême C)
DiMail 256 (Ex 3, 1-8a.10.13-15 = 1° lecture du 3° dimanche de Carême C)
DiMail 111 (Lc 13, 1-9 = Evangile du 3° dimanche de Carême C)
DiMail 257 (Jos 5, 10-12 = 1° lecture du 4° dimanche de Carême C)
DiMail 112 (Lc 15, 1-3.11-32 = Evangile du 4° dimanche de Carême C)
DiMail 258 (Is 43, 16-21 = 1° lecture du 5° dimanche de Carême C)
DiMail 113 (Jn 8, 1-1 = Evangile du 5° dimanche de Carême C)
DiMail 159 (Is 50, 4-7 = 1° lecture du dimanche des Rameaux et de la Passion)
DiMail 259 (Ph 2, 6-11 = 2° lecture du dimanche des Rameaux et de la Passion C)
DiMail 114 (Lc 22,14 - 23,56 = Evangile du dimanche des Rameaux et de la Passion C)

DiMail 260 (Jn 13, 1-17 = Evangile du Jeudi saint)
DiMail 261 (Jn 18,1 - 19,42 = Evangile du Vendredi saint)