Sans des baptisés, il n'y a pas de prêtre. Sans prêtre, il n'y a pas d'eucharistie. Sans eucharistie, il n'y a pas de vie chrétienne possible. Car c'est parmi les baptisés que Dieu et l'Église appellent des hommes à être prêtre. Car c'est en particulier pour prier et célébrer les sacrements, que Jésus donne des prêtres à l'Église et au monde. Et parmi ces sacrements, il y a celui de l'eucharistie, un trésor très précieux, que vont recevoir pour la première fois six collégiens aujourd'hui, le Corps du Christ, qui fait grandir notre amitié avec le Seigneur et les autres chrétiens.
Qu'est-ce qu'un prêtre? Un prêtre
- n'est pas être un prof de caté qui donne des cours sur Dieu,
ni celui qui fait passer des examens pour savoir si on a bien écouté
et si on a bien retenu ce qui a été dit;
- n'est pas un druide, un homme du sacré, qui dit des formules magiques;
- n'est pas un juge dont on devrait avoir peur, se demander ce qu'il va penser
de nous;
- n'est pas celui qui a réponse à toutes les questions;
- n'est pas celui qu'on voit 5 fois et demi dans sa vie : au baptême,
à la 1° communion, à la profession
de foi, à son mariage et à son enterrement;
- n'est pas un extra-terrestre qui vit célibataire et qui n'a pas d'enfants
parce qu'il aurait eu peur de se marier ou qu'il ne serait jamais tombé
amoureux;
- n'est pas celui qui passe toute sa journée dans la sacristie.
mais le prêtre est
- un baptisé que Dieu a appelé et
qui a donné toute sa vie pour le Christ, son peuple et le monde qui ne
le connaît pas;
- celui avec qui aucun sujet et aucune question ne devraient être tabou;
- celui qui peut nous aider à rechercher ce qui est le meilleur pour
notre vie de tous les jours;
- celui qui est heureux d'être invité à un repas de famille;
- celui qui rassemble le peuple de Dieu "au nom du Père et du Fils
et du St Esprit.";
- le témoin que Dieu traverse des vies de bien des manières surprenantes
et étonnantes;
- celui que l'on rencontre au cur des grandes questions que se posent
l'humanité;
- celui qui prend du temps pour prier seul et avec d'autres.
Si nous ne comprenons pas cela tant qu'il y a un prêtre
à l'aumônerie, comment pourrons-nous le comprendre s'il devait
arriver, un jour, qu'il n'y en ait plus! On pleurera, on écrira peut-être
à l'évêque "Comment se fait-il que vous ne nous ayez
pas envoyé un prêtre pour l'Aumônerie? Nous sommes si bien!"
Et lui de répondre : "Je ne suis pas un magicien qui puisse faire
sortir les prêtres de son chapeau. On n'a jamais vu des prêtres
tomber du ciel. C'est pourquoi, s'il n'y a pas des garçons chrétiens
qui répondent à l'appel que Dieu leur adresse - "Si le Père
vous appelle" - si des parents ne proposent pas la vie du prêtre
comme une possibilité à leur fils, comme un chemin de bonheur
et de joie, ou si ses amis ne le soutiennent pas quand la question se pose,
il n'y aura pas de prêtres jeunes.
Jésus vit ce que le peuple de Dieu vit chaque année le repas que
les hébreux ont pris en toute hâte, la ceinture aux reins,
prêts à partir, avant que le Seigneur passe au milieu de son
peuple pour les faire sortir d'Égypte. Cette fois-ci, il ne fait
pas que passer. Il est là au milieu de son peuple. Il est là.
Jésus s'occupe autant du matériel que du spirituel. Il a donné
autant de soins à préparer le repas pascal (cf l'homme à
la cruche et du propriétaire) que sa passion,
qu'à donner sa vie et toute sa vie sur la croix.
Pour le repas pascal, il faut des pains sans levain. Au désert, Dieu
a nourri son peuple avec la manne (Ex 16). Jésus a donné du pain
à la foule qui était affamée. Au cours de la Cène,
il donne plus que du pain : Ceci est mon corps. Depuis deux millénaires,
Dieu nourrit son Église avec le Pain de Vie (cf Jn 6). L'agneau qui était
égorgé et dont le sang avait été mis sur les linteaux
des portes des maisons des hébreux, ce n'est plus celui d'un agneau,
c'est le sien. Ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance, répandu
pour la multitude. D'abord une coupe de vin qu'il leur donne. Ensuite et surtout,
son propre sang lorsque, une fois mort sur la croix,
un soldat lui perce le cur d'un coup de lance (Jn 19,34).
L'Eucharistie, la communion,
la messe, c'est une teuf que Dieu organise chaque dimanche pour ses potes. C'est
même la plus grande fête qui soit organisée à travers
le monde chaque dimanche. Et cela depuis presque 2000 ans. Du point de vue de
la quantité, elle bat toutes les boums, raves et autres techno parades.
Ceux qui se sont levés le mercredi, un peu plus tôt que les autres
jours, bravant le froid et la nuit en hiver, et qui sont passés par l'aumônerie
ont fait l'expérience que la messe suivie du petit-déjeuner change
la manière de vivre la suite de sa journée. Celle-ci a alors un
autre goût, celui du partage, une autre saveur, celle de la communion
avec le Seigneur. Petite communauté qui ne fait pas beaucoup de bruit
mais qui porte dans la prière le reste de l'humanité qui dort
encore, qui se réveille ou qui part travailler. Petite communauté
qui présente à son Créateur le monde qu'il suscite chaque
jour, qui le maintient en vie malgré les forces destructrices de mort.
En 1943, dans un village breton, les résistants avaient détruit
un transformateur. Aussitôt, les Allemands ont arrêté tous
les hommes des alentours, soit un total de 351. Et ils les ont enfermés
dans deux granges. Ils leur annoncèrent que si le coupable ne se dénonçait
pas dans l'heure, ils mettraient le feu aux bâtiments. Le coupable est-il
parmi eux? Ils ne se sont pas posé la question. Au bout d'un certain
temps, un homme (et tous les autres savaient qu'il était innocent), demanda
à sortir et se dénonça. Il savait ce qui l'attendait. Il
fut pendu sur la place du village. Mais il a sauvé la vie des 350 autres.
C'est cela, la messe. Mais celui qui s'offre en
sacrifice pour les autres, c'est Dieu. Et nous qui ne sommes que de pauvres
types, il nous invite à le suivre.
Pour ne pas venir à la messe, certains disent : "c'est toujours la même chose". D'autres se donnent comme raison le fait que la messe ne leur apporte rien. Ils se prennent encore pour le centre du monde. Or la messe est avant tout le plus grand et le plus beau des mercis jamais dit avec des mots et des actes, parce que le merci adressé à Dieu notre Père, c'est Jésus en personne.
Ex 12, 1-14 ; Ps 115; Mc 14, 12-16.22-26
P. Olivier Joncour
demain, ordination presbytéral de Ludovic Serre à
la cathédrale de Nanterre
En ce mois de juin, le père Roger Peter, le curé de St Maurice,
fête son 40° anniversaire d'ordination, et le père Dominique
Froissart, son 50°.
Des appels à écouter
La messe une école de prières
Mess(ag)es