2) Croire au père Noël ou croire en Jésus-Christ, le Fils de Dieu fait homme ?

Cher Théophile,

J'ai bien reçu ton courrier électronique où tu me demandais pourquoi Noël est une fête pas comme les autres. Ta question m'a intéressé.
À voir les vitrines des magasins et la publicité à la télévision et celle des grands magasins, tu te dis que nous allons faire une belle et grande fête. Mais qu'allons-nous fêter? et qui fêtons-nous?
On te parle du père Noël. Les enfants peuvent même lui écrire. Tu le vois en photo ici et là. Mais qui est-il et d'où vient-il? Et tu me demandes si l'Avent est la période des achats des cadeaux que l'on fait avant Noël.

Croire au père Noël ?
Le père Noël "vit le jour" aux États-Unis au milieu du XIX° siècle sous la forme d'une réminiscence de St Nicolas, fêté le 6 décembre, à qui on attribua la mission de récompenser les enfants, avant que ce rôle ne soit assumé par l'Enfant Jésus, le 25 décembre. Le père Noël s'introduisit en Europe après la première guerre mondiale et s'y imposa peu à peu, sous la double pression des commerçants et de ceux qui veulent fêter Noël sans référence religieuse. Tu sais que des parents se servent et se cachent derrière le père Noël pour offrir à leurs enfants des cadeaux. L'idée est généreuse, mais pas sans danger. Mettre, en effet, sur le même plan la croyance au Père Noël et la foi en Dieu et en Jésus-Christ peut entraîner une grave confusion dans l'esprit de certains enfants. Le jour où ils découvriront que le père Noël n'existe pas, ne risquent-ils pas d'en tirer la même conclusion pour Dieu?

Avent
C'est la période qui commence 4 dimanches avant Noël. Avec le premier dimanche de l'Avent, commence l'année liturgique chrétienne. L'Avent permet aux chrétiens d'entrer dans une double attente :
- le rappel de l'attente du Messie, avec le peuple de la première Alliance,
- et, avec tous les chrétiens, l'attente de la venue du Christ dans la gloire, à la fin des temps.
L'Avent est la découverte que la foi est une aventure. Nous sommes invités à croire en la promesse que nous fait Dieu, en regardant vers l'à-venir. Pour Adam, la vie avec Dieu lui fut proposée. Pour Abraham, un fils lui fut donné, Isaac. Pour Moïse et les siens, une Terre. Pour les douze tribus d'Israël unifié, un roi, David. En chacun de ces hommes, nous découvrons un aspect annonciateur du Christ Jésus, nouvel Adam (1 Co 15,22.45), nouveau Moïse (Mt 5-7), fils de David, fils d'Abraham (Mt 1,1), Sauveur et Christ.
Dans certaines familles et paroisses, tu as vu des couronnes de l'Avent dont les 4 bougies sont allumées dimanche après dimanche. Elles pourraient symboliser les grandes étapes du salut :
1) le pardon à Adam et Ève, qui sont morts sur la terre mais qui vivent en Dieu (cf. icône de la Résurrection où le Ressuscité fait sortir Adam et Ève de l'Hadès);
2) la foi des patriarches qui ont cru au don de la Terre promise;
3) la joie de David qui célèbre l'Alliance et sa pérennité;
4) l'enseignement des prophètes qui annoncent une Nouvelle Alliance et un règne de paix et de justice.
Deux venues, deux avènements, finalement. Le temps de l'Église est donc un Avent en lui-même.

Noël ou la Nativité de Jésus-Christ
Noël est l'expression populaire du Jour de la Naissance de Notre Seigneur Jésus-Christ, l'Emmanuel, ce qui se traduit : "Dieu avec nous" (Mt 1,23), selon l'annonce d'Isaïe (7,14).
Cette naissance a eu lieu à Bethléem ["la maison du pain", en hébreu] de Judée, au temps du roi Hérode (Mt 2,1). Dans certains tableaux, le peintre représente Jésus emmailloté dans une mangeoire, car il est bien le "pain vivant descendu du ciel. Qui mangera ce pain vivra à jamais. Et même, le pain que je donnerai, c'est ma chair pour la vie du monde" (Jn 6,51). Bethléem était déjà la ville de naissance du roi David.
Il n'est pas question de cadeaux, de repas, ni de bûches glacées, alors que certains auraient besoin d'une vraie bûche pour se réchauffer et le corps et le coeur!
L'évangile de la nuit de Noël nous appelle à faire l'apprentissage de la porte ouverte pour éviter que cette année encore, des Marie et des Joseph ne trouvent pas de place dans la salle commune. Tu peux lire ou relire le début des Misérables de V. Hugo, où Jean Valjean, qui vient de s'évader, est accueilli pour une nuit par l'évêque de Digne, Mgr Bienvenue, après que plusieurs portes se soient fermées devant lui.
En cette nuit, c'est le moment où l'éternité entre dans le temps, où elle se fait proche de toute l'humanité. La sainteté de Dieu n'habite plus un édifice, le Temple de Jérusalem, mais la personne même du Christ.
C'est le moment de réfléchir au rapport que nous avons avec notre corps et celui d'autrui. Car, tout ce que nous faisons au corps humain, la nourriture (boire, manger), l'accueil de l'étranger, l'habillement, la santé, la visite au détenu, (cf Mt 25, 31-46 pour ces 5 premiers points), l'hygiène, le sport et la sexualité. De même, tout ce que nous ne faisons pas pour le corps d'un autre qui a besoin de pain et de culture pour vivre debout, c'est en réalité à Dieu que nous ne le faisons pas, puisqu'il réside en nos corps. « Vos corps sont des membres du Christ. [...] Votre corps est un temple du St Esprit [...] Glorifiez donc Dieu dans votre corps. » (1 Co 6, 19-20)
Et par rapport au corps, la publicité ne le présente-t-elle pas souvent comme celui d'un mort? Nettoyer, parfumer, retarder les effets du vieillissement sont autant d'impératifs qui rappellent la préparation d'un mort et davantage le respect d'un corps mort que celui d'un vivant.
Une autre double invitation : comment considères-tu le Corps du Christ lorsque tu communies, et le Corps dont le Christ est la Tête, l'Église?
Tu peux noter ce qui est en train de naître dans ta vie, dans celle de ta famille, dans notre monde? Et quel est ton désir de transmettre à d'autres, d'accueillir la vie, de donner le meilleur de toi-même?

Épiphanie

En Occident, les chrétiens fêtent l'Épiphanie le premier dimanche après le 1er janvier. Littéralement, la "manifestation" de Dieu, où les mages viennent rendre visite au Roi des rois. L'or (par son éclat, son inaltérabilité et sa pureté), symbolise la royauté et la divinité. L'encens manifeste qu'il est prêtre, et la myrrhe (gomme résine aromatique que l'on utilise dans la préparation de certains cosmétiques et produits pharmaceutiques) qu'il guérit (cf Mt 2,11). En Orient, l'Épiphanie est fêtée le 6 janvier. Elle associe la visite des mages, le baptême du Christ et les noces de Cana (Jn 2, 1-11) qui sont autant de manifestations du Seigneur ("Celui-ci est mon Fils bien-aimé" (Mt 3,17); "Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C'était à Cana en Galilée. Il manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui." (Jn 2,11)) Tu comprends donc combien, au-delà du folklore, la période qui précède et suit Noël est importante pour la foi chrétienne et l'histoire du salut en Jésus-Christ, né d'une femme (Ga 4,4), vrai homme et vrai Dieu (Concile de Chalcédoine, 451).

Père Olivier Joncour
Novembre 2001

Copyright Aumônerie de Courbevoie 2003.

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